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mardi 28 mars 2017 22:39

Mal parti, de Monique Jouvancy

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Mal parti

L’histoire :
On suit le récit de la vie du fils d’une famille de province, de sa jeunesse jusqu’à sa vie d’adulte.

Mon avis :
C’est un petit roman d’un peu moins de 160 pages. Est-on prédestiné ? Reproduit-on ce qu’on a connu ? Y a-t-il un libre arbitre ? Ce sont les différentes questions que je me suis posé lors de ma lecture. Il s’agit d’un récit, essentiellement à l’imparfait.
La plupart des protagonistes ne portent pas de noms: le fils, le père, la mère, la petite. Ce sont des personnes indistinctes. Elles se fondent dans la foule, dans la masse. Cela peut être n’importe qui : un voisin, un membre de la famille, etc.

Le fils aîné est le mal aimé de la famille. Tout lui est reproché, surtout depuis la mort de son petit frère, alors que lui-même n’avait que deux ans et demi. Ses parents portent constamment un jugement négatif sur lui, et le lui font savoir. Cela est pire, à mon sens, que de la maltraitance physique. Comment se construire dans un tel environnement ? Quelle vie peut-on avoir avec une telle éducation ? L’auteur apporte ses réponses et déroule son inéluctable histoire.

Dans l’argumentaire, il est précisé que la narratrice est la jeune sœur. Or, je n’ai pas réussi à expliquer (ou à comprendre), pourquoi elle parlait d’elle à la troisième personne. Et à part l’intérêt de prendre une certaine distance par rapport aux événements, j’ai trouvé que cela alourdissait le récit, sans compter les phrases à rallonge.
Il y a un regard dénué de jugement. Aucune empathie ne se dégage du récit. Cela donne un résultat étrange. On doute que quelque chose de positif ressorte de ce récit.
Il s’agit d’un roman inhabituel qui ne plaira pas à tout le monde à cause de son style.

Titre: Mal parti
Auteur: Monique Jouvancy
Éditeur: Buchet Chastel
Nombre de pages: 156
ISBN: 978-2-2830-3024-0
Date de publication: 2 février 2017

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mardi 21 mars 2017 22:35

La fille d'avant, de JP Delaney

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La fille d'avant

L'histoire :
Jane postule pour la location d’une superbe maison. Les conditions pour y vivre sont draconiennes, mais le prix mensuel dérisoire. Peu de temps après, elle découvre que l’ancienne locataire est morte dans d’étranges conditions.

Mon avis :
Il s'agit d'un roman psychologique. L'histoire se déroule à deux moments différents, qui alternent : quand Emma était locataire de la maison, et quand Jane le devient. On suit parallèlement les deux jeunes femmes dans leur vie à l'intérieur de cette étrange maison. On découvre les motivations d'Emma et de Jane, leur caractère, leurs doutes.
Ce sont deux personnages émotionnellement troublés par leur passé proche. Cela influe sur leur personnalité et la location de cette superbe maison doit leur permettre de prendre un nouveau départ.
Le personnage d’Edward est assez étrange : c’est quelqu’un de psychorigide, et on a l’impression qu’il a une idée derrière la tête. Ce que laisse transpirer l’auteur n’a rien de bien sympathique.
Simon, l’ancien petit ami d’Emma, ne se remet pas de la disparition de cette dernière. Il se dit que s’il avait été présent, cela ne se serait pas produit.

Ce qui fait froid dans le dos, au cours de la lecture, c'est la découverte du questionnaire qui prélude à la sélection du locataire, ainsi que toutes les règles afférentes à l'utilisation de la maison. À mon sens, c'est assez malsain.
Jane va être troublée par sa ressemblance avec Emma, et va effectuer des recherches afin de comprendre ce qui a pu aboutir à la mort de la jeune femme.

L'auteur rend bien l'ambiance du One Folgate Street, où tout est épuré, blanc et immaculé. Mais au-delà des apparences, une oppression latente est présente et cela s'intensifie petit à petit, jusqu'au final. Il y a plusieurs petits rebondissements qui maintiennent la tension.
Les chapitres sont courts et donnent du rythme à l'histoire. L'écriture est fluide. Ce roman est très agréable à lire.
Qui manipule qui ? Ce qui semble simple en apparence est beaucoup plus complexe.

À découvrir.

Service presse des éditions Mazarine par l'intermédiaire de Netgalley.

Titre: La fille d'avant
Auteur: J.P. Delaney
Éditeur: Mazarine
Nombre de pages: 432
Traduction: jean Esch
ISBN: 978-2-8637-4449-9
Date de publication: 8 mars 2017

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dimanche 19 mars 2017 19:21

Prix Clara 2016, Nouvelles d’ados

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Prix Clara 2016

L’histoire :
Comme chaque année depuis 2007, le prix Clara regroupe les lauréats d’un concours pour les jeunes de 13 à 17 ans.

Mon avis :
Je ne m’intéresse pas trop aux nouvelles, mais je fais régulièrement une exception pour le prix Clara[1]. Cette année, c’est un tout petit recueil d’à peine plus de cent pages (contre plus de deux cent cinquante pour celui de 2007). Je sais très bien que ce n’est pas le nombre de pages qui fait la valeur d’un livre, mais c’est encore une fois la nouvelle la plus longue (« Terre-Happy ») qui m’a le plus intéressé.

Les six nouvelles qu’on trouve sont : « On n’entend que ce qu’on écoute » de Clara Albert, « Éclats de vie » de Zoé Baum, « Terre-Happy » de Ysaline Bortone-Bouver, «La fuite » de Estelle Desjardins, « J’aimerais mieux être un superbe météore » d’Irène Rodriguez et « Kol Nidre » de Solène Tuban.

Comme tout recueil de ce type, le résultat est inégal. Il faut aussi tenir compte des goûts personnels de chacun. Les sujets traités par les six jeunes filles (cette année, il n’y a pas de garçon) sont assez variés : la technologie, le racisme, les réfugiés, la vie, la musique, Le terrorisme, etc. On remarque que ces écrivains en herbe ont déjà un certain talent et une maîtrise de la langue plus que correcte.

La première nouvelle, « On n’entend que ce qu’on écoute », est l’histoire d’une maison qui parle de ses occupants et de son ressenti.
Ensuite, dans « Éclats de vie », nous sommes dans un récit polyphonique, où le narrateur change régulièrement jusqu’à la chute finale. J’ai eu quelques petits soucis lors de certains basculements de voix.
« Terre-Happy » est un récit de science-fiction, presque d’anticipation. Il s’agit de mon coup de coeur dans ce recueil. L’auteur réussi, avec brio, à emmener le lecteur là où elle le souhaite. J’ai apprécié la chute, car je ne l’attendais absolument pas.
Même si elle est bien écrite, je n’ai pas accroché à «La fuite ». Sans doute que je n’accroche pas au sujet des réfugiés. Les médias s’en donnent déjà à coeur joie et je n’ai pas besoin de lire un récit, même fictif, pour le garder à l’esprit.
Pour écrire « J’aimerais mieux être un superbe météore », l’auteur a effectué de nombreuses recherches sur Jack London. Cela se ressent parfaitement dans la nouvelle.
Dans la dernière nouvelle, la musique, à travers le violon, est mise en avant. Mais, aussi, le fait que la musique a pu avoir un rôle dans la survie de quelques personnes, au milieu du génocide de la seconde guerre mondiale. Si j’ai un reproche à faire à cette nouvelle, c’est qu’elle est un peu trop courte. Je pense qu’elle aurait gagné en épaisseur en étant un peu plus développée.

Ce recueil permet de passer un bon moment de détente. Et cerise sur le gâteau, les bénéfices vont à l’Association pour la recherche en cardiologie du fœtus à l’adulte (Arcfa[2] ) de l’hôpital Necker-Enfants malades.

Service presse des éditions Héloïse d'Ormesson par l'intermédiaire de lecteurs.com.

Titre: Prix Clara 2016, Nouvelles d'ados
Auteur: Collectif
Éditeur: Héloïse d'Ormesson
Nombre de pages: 115
ISBN: 978-2-35087-388-6
Date de publication: 3 novembre 2016

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mercredi 15 mars 2017 21:56

Les Geôliers, de Serge Brussolo

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Les Geôliers

L’histoire :
À Dipton, une petite ville, Debbie Fevertown massacre son mari et ses deux fils, puis s’échappe. Quinze ans plus tard, Jillian Caine est recrutée par Dieter Jürgen pour écrire le scénario du biopic de la tueuse. Intriguée, Jillian accepte. Elle met le doigt dans un engrenage infernal.

Mon avis :
Serge Brussolo nous revient avec un roman de presque cinq cents pages, dans un domaine où il excelle : un mélange de science-fiction et fantastique.

D'abord, la quatrième de couverture est parfaite. Il s’y trouve juste l’essentiel pour attirer le lecteur, et comme c’est rare de nos jours, il faut le préciser.

J’ai pris un énorme plaisir à la lecture de cette histoire. L’auteur a, comme dans certains de ses autres romans, laissé son imagination déborder. Il y a des créatures de toutes sortes plus invraisemblables les unes que les autres, et quand on pense que c’est terminé, l’auteur sort autre chose de son chapeau. Il foisonne d’idées et le montre.
Dès le départ, le romancier nous plonge dans son intrigue. Au début, j’ai eu l’impression d’osciller entre rêve et réalité. La première partie du roman nous entraîne dans un drame psychologique, puis on bascule dans la science-fiction. Serge Brussolo utilise l’intrigue à tiroirs : on pense l’histoire terminée, mais non, il se passe quelque chose qui emmène les protagonistes à poursuivre l’aventure jusqu’à la chute finale.

Jillian est une jeune femme spécialiste des scénarios. Elle n’a rien d’une aventurière. D’ailleurs, comme souvent chez l’auteur, c’est une héroïne tout à fait banale, et c’est ce qui fait son charme. Ce sont les personnages qui gravitent autour d’elle qui vont amener le petit plus et donner de l’épaisseur au récit. Sans oublier les descriptions des différents monstres au long du roman.
Dieter Jürgen, réalisateur controversé, est, à mon sens, exécrable, mais il a de multiples facettes qui se dévoileront au cours du récit. Son passé ténébreux parle pour lui.
Il y a de nombreux extraterrestres sur la planète Terre, dont un homme-hérisson, sans compter certains végétaux à éviter : les plantes carnivores que nous connaissons ne sont rien en comparaison.

Il y a un ou deux petits détails qui pourront chiffonner un lecteur méticuleux. Exemple: lors d’un événement particulier (que je vous laisse découvrir), un protagoniste indique qu’il a perdu une partie de sa mémoire, alors que quelque temps auparavant, c’est cette partie perdue qui l’aide à régler un petit problème. Comment cette partie de sa mémoire a pu l’aider puisqu’il l’avait perdue ? Pour être honnête, à côté de l’ensemble de l’histoire, cela est totalement insignifiant.

En arrière plan, dans les thèmes utilisés, il y a celui, récurrent chez l’auteur: l’Homme est quelqu’un de dangereux, décadent, et il mérite ce qui va lui arriver. L’apocalypse est à nos portes et personne ne le sait.

« Les Geôliers » est une véritable réussite !

À lire !

Lecture commune avec La Livrophile, vous pouvez lire sa chronique sur son blog.

Service presse des éditions Gallimard.

Titre: Les Geôliers
Auteur: Serge Brussolo
Éditeur: Gallimard (Folio)
Nombre de pages: 490
ISBN: 978-2-0707-7148-6
Date de publication: 2 février 2017

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lundi 13 mars 2017 21:55

Mountain Story, de Lori Lansens

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Mountain Story

L'histoire :
Wolf, dix-huit ans, prend le téléphérique pour rejoindre le sommet d’Angel’s Peak. De manière inopportune, il rencontre trois femmes qu’il accepte de guider. Malheureusement, le groupe s’égare. Le calvaire ne fait que commencer.

Mon avis :
Wolf (Wilfred Truly) raconte, à travers une lettre à son fils, ce qui lui est arrivé dix-huit ans plus tôt. Il y a des aller-retours entre ce qui se déroule dans la montagne et le passé du narrateur. C'est un roman lent, mais j'ai été totalement immergé dans le récit. On suit le chemin de croix des quatre personnages et de leur lente agonie dans cette montagne inhospitalière. L’auteur a bien travaillé le côté psychologique des protagonistes. Le récit va permettre de découvrir, d'un côté, la jeunesse de Wolf et sa vie miséreuse avec son père, Frankie, un joueur invétéré qui vit d'expédients et de larcins. Ce dernier n’est ni agréable, ni sympathique, et on peut comprendre les relations distendues que Wolf entretient avec lui. Les passages avec Byrd sont intéressants. Ils font apparaître les motivations du jeune homme au début de l'histoire, qui, au vu des événements, va revoir petit à petit son échelle de valeur. De plus, d’une certaine manière, Byrd, sera présent aux côtés de son ami pendant cette difficile épreuve.

Nola, Bridget et Vonn sont assez étranges. Elles ont des relations complexes. Au cours de ces cinq jours, elles vont se dévoiler (qui ne le ferait pas dans une telle situation). Au départ, on se demande même ce qu’elles font là, car elles ne sont même pas toutes équipées pour une simple randonnée.
Les personnages principaux déclenchent de l'empathie. Ils sont dépeints avec justesse et précision.

Pour moi, ce sont les moments passés en montagne qui sont les plus intéressants. L’auteur a su décrire avec réalisme les différentes situations. On comprend aussi que faire une randonnée de ce type ne s'improvise pas, et que la moindre erreur est aussitôt sanctionnée. La description des lieux est réussie : les animaux, le bruit, le silence, le soleil, le froid, tout y passe, et cela ne donne qu’une envie : tourner la page pour connaître la suite.

À lire !

Service presse des éditions Denoël.

Titre: Mountain Story (The Mountain Story)
Auteur: Lori Lansens
Éditeur: Denoël
Nombre de pages: 403
Traduction: Lori Saint-Martin / Paul Gagné
ISBN: 978-2-2071-3348-4
Date de publication: 23 février 2017

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